jeudi 27 décembre 2018

papillon noir


Si le papillon du titre qui traverse ce roman a la blancheur de l'espoir, le lecteur ne peut s'empêcher d'en voir un autre, noir, qui tisse les destins croisés des quatre femmes, héroïnes à part égale de Quatre femmes et un papillon, de Valérie Allam, qui vient de paraître aux éditions du Caïman, tout de noir vêtu car en effet c'est un roman noir. C'est tout à fait le genre de roman dont il ne faut rien raconter alors je ne raconterai rien. Quelques mots quand même sur la narration qui passe du point de vue de l'une à celui de l'autre, des échos lexicaux y jouent le fondu-enchaîné, et tisse, donc – ce texte est textile – une trame qui échappe aux personnages, perdus, perdues plutôt, et parfois traquées, dans un décor cruel d'autant plus absurde que nous sommes, nous lecteurs, seuls à en savoir plus, papillonnant que nous sommes de l'une à l'autre, remarquant des coïncidences qui frôlent parfois le surnaturel, invités à imaginer que tel personnage, qui a un moment a fait ceci, est peut-être aussi celui-là, qui à un autre moment a fait cela. Car les identités sont en question. On est assigné à un rôle social, on ne croit pas qu'on puisse jamais en sortir, s'en sortir, on y croit un instant ; ou bien on se rend compte qu'on n'est plus, mais alors plus du tout celle qu'on a été, une métamorphose a eu lieu, parce qu'on a vécu quelque chose, quelque chose de terrible, sans doute faut-il vivre quelque chose de terrible pour devenir un papillon, un papillon blanc, un papillon noir.



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