mercredi 18 mars 2015

louange de la louange



Les éditions Helium inaugurent une nouvelle constellation, puisque tel est le nom, joli synonyme, de cette collection, qui propose la rencontre d’un écrivain avec un film, une musique, une photographie, un lieu. Didier da Silva notamment l’inaugure, en belle compagnie puisqu’aux côtés d’Arno Bertina et d’Alban Lefranc.

L’objet de sa rencontre est familier, car, on l’aura deviné, Louange et épuisement d’Un jour sans fin loue en effet et sans louvoyer sinon sans fin Un jour sans fin ; mais oui, ce film, c’était avec Bill Murray et Andie McDowell, je m’en souviens très bien, de Harold Ramis, là en revanche je n’aurais su le dire – et même cet oubli est le signe d’un grand succès populaire (un autre signe en étant la voix de Ned Ryerson, l’épouvantable copain de lycée assureur, régulièrement imitée, et plutôt bien d’ailleurs, par l’un ou l’autre de mes deux fistons à mon arrivée – car oui, il m’arrive souvent qu’on m’appelle Phil Connors.)

Ça commence par des nuages, quoi ? le film ou le livre ? eh bien les deux, si j’en crois Didier da qui connaît le film mieux que moi ; en tout cas son livre, oui, commence avec « des nuages, des pans de ciel accélérés, cumulus blancs sur fond d’azur changeant de forme à fond de train », et tout de suite, connaissant mon Didier da presque sur le bout des doigts, je reconnais le spécialiste du récit atmosphérique, rappelez-vous l’Automne zéro neuf, et je me dis que voilà, dès l’incipit c’est déjà la rencontre promise : le livre va parler d’Un jour sans fin, bien sûr, un film, mais d’un écrivain aussi, ou d’une écriture, celle de Didier da Silva.

Car Un jour sans fin, mais oui, maintenant qu’on m’y fait penser, c’est aussi un film sur le temps qu’il fait, sur le temps qu’il fera, suspendu (le temps) comme nous à l’oracle d’un rongeur sciuromorphe précisément identifié, Marmota monax, rendons grâce à l’auteur de ce souci dans la précision ; autrement dit c’est une marmotte, mais américaine, comme la comédie dont elle est la vedette. Suspendu aussi le temps, vous avez raison, puisque c’est là le ressort du film : celui du temps qui passe est cassé, demain est toujours aujourd’hui, I got you babe, Okay campers rise and shine !

Je ne vais pas vous raconter le film, je ne vais pas non plus vous réécrire le livre, il l’est déjà très bien. Je dirai juste encore ce que l’auteur ne dit pas, ou ne dit qu’entre les lignes, c’est que tout le réseau que tisse Phil, bien obligé, entre les habitants de Punxsutawney, Didier da Silva le propage au-delà du film, dont les auteurs et comédiens, Bill Murray en tête, deviennent personnages à leur tour d’une plus vaste histoire et que c’est alors que l’on comprend, mais oui, c’est évident : Louange et épuisement d’Un jour sans fin est aussi une note, un addenda, une cerise sur l’Ironie du sort, le précédent livre du même auteur.

Louange et épuisement d’Un jour sans fin paraît aujourd’hui aux éditions Helium.


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