lundi 28 septembre 2009

un penchant coupable pour l’oryctérope et pour le pangolin


Drôle d’impression, à y repenser, que le souvenir de ces deux couvertures jumelles pour des livres qui n’ont sans doute rien en commun. On en a rêvé tout gamin, pourtant, de ces couvertures prestigieuses, et l’on regardait de haut (de sa hauteur d’auteur qui ne croyait pas l’être) les couvertures illustrées qui donnent à une bibliographie des allures criardes de perroquets en volière. C’est vrai qu’un éditeur a besoin d’un visuel (c’est comme ça qu’on dit ?) pour incarner son identité. Le sens de son travail. L’identité éditoriale, c’est  quelque chose qui me parle d’autant plus que c’est assez souvent l’un des critères qui président à mes choix de lecture. Encore faut-il que cette identité existe – encore. Certaines de ces vieilles couvertures ont perdu de leur sens. Gare aux mythes comme aux mites. On trouve parfois là-dessous à peu près tout et n’importe quoi. Ou bien il n’en reste plus qu’un cadre frileux dont surtout il ne faudrait pas sortir. « Dans ce cadre-là, on fait du qui-raconte. » (Surtout.) (Et encore, du qui-raconte pour Pierre, Paul et Bernadette dont, paraît-il, on connaît les attentes.) « Dans celui-ci (mais alors, tout petit petit), de la poésie. » Etc. Hors de ces cadres commence l’inconfort. Ce n’est pas le grand admirateur de Linné (il a sa rue dans Liquide) que je suis qui va nier la pertinence de toute tentative de classification ; mais enfin, ce qu’il y a de beau là-dedans, zoologie ou littérature, c’est quand même bien d’arriver là où la classification devient impossible ou presque, non ? Ce que j’aime, moi, c’est que chaque texte édicte ses propres règles, son propre art poétique, soit la matrice de son propre genre – dont il sera aussi le terme. (Avec, je le confesse, un penchant coupable pour  l’oryctérope et pour le pangolin. Mais je ne crache pas non plus sur le tupaye, le daman et le galéopithèque.)
Au fond, il n’y a rien de bien original ni de très révolutionnaire là-dedans. Ma culture classique n’est pas immense, mais j’ai tout de même lu un peu ; et somme toute, est-ce que – pour tout ce qui compte encore – ça n’a pas toujours été ainsi ?
(Alors finalement, une couverture par livre, ce n’est pas mal non plus.)
 

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