jeudi 15 décembre 2011

un soupçon d’exigence


« Nous posons qu’il n’y a pas de littérature exigeante », lis-je tout à l’heure chez Marie Cosnay. Posons cela en effet. Moi qui me suis pendant longtemps considéré, qui me considère encore comme un tempérament de dilettante, voici qu’avec les années je me vois de plus en plus souvent soupçonné d’exigence, et cela dans les deux activités que j’exerce. Souvent c’est plutôt un compliment, parfois un gentil reproche. Je serais, semble-t-il, un professeur exigeant. De la même manière que je serais – vous ne me ferez pas quitter le conditionnel – un écrivain exigeant. Je n’y crois pas une seconde. Mon exigence très relative de professeur, ce n’est que l’estime accordée a priori à tous les élèves parce que sans ce préalable on ne va pas bien loin. Quant à celle de l’écrivain, je me souviens qu’on m’en a parlé dès la publication de mon premier roman, alors que précisément j’avais pris soin d’écrire pour l’occasion quelque chose de facile à lire et de drôle (c’est d’ailleurs pour ça que la publication en a été si facile), assez éloigné en réalité de mes exigences affirmées de l’époque – qui n’ont au fond jamais vraiment eu d’existence que dans mes intentions. Non, je n’exige rien, et reste convaincu que la lecture de mes livres, comme celle de beaucoup d’auteurs que j’aime, est accessible à qui en a envie. En revanche et dans un autre sens, que la littérature ait pour moi des exigences, je le sens terriblement – au moment d’écrire.


Commentaires

Nous, nous déposons la littérature exigeante. (c'est déjà plus autoritaire) et nous exigeons la littérature pausante. (Paf!)
Commentaire n°1 posté par Thaddée le 15/12/2011 à 19h49
Ah non, vous ne ferez pas de moi un poseur. (Mais un pauseur, après tout...)
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h05
Continuez ! C'est impératif, c'est mon axigence de lectrice. (Je ne pouvais plus déposer de commentaire, overblog m'a rétablie dans mes droits, je vais me gêner !)
Commentaire n°2 posté par Françoise Granger le 16/12/2011 à 11h23
J'aime ces impératifs. (Mais qu'aviez-vous donc fait à ce malheureux Overblog pour qu'il vous censure ainsi ?)
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h06
J'exige une explication! 
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 16/12/2011 à 11h30
Je vous prépare une notice.
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h51
Manquerai-je d'exigence pour avoir adoré Par temps clair?
La clarté de l'écriture n'empêche pas l'exigence de l'écrivain.
Commentaire n°4 posté par Ambre le 16/12/2011 à 15h00
Ah mais l'exigence du lecteur (ou de la lectrice), j'y tiens !
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h53
Zut j'ai appuyé sur "envoyer" au lieu d'appuer sur ma barre d'espacement (0_0).
Je voulais rajouter qu'il était évident que vous êtes un écrivain exigeant, sinon je ne vous lirais pas. On ne m'appelle pas Modeste:)
Commentaire n°5 posté par Ambre le 16/12/2011 à 15h02
Souvent j'ai l'impression que c'est l'écriture qui exige de moi quelque chose, comme si j'étais plus "exigé" qu'exigeant.
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h55
Ah ah ah! d'appuYer.
(faudrait que je sois plus exigeante à la relecture...)
Commentaire n°6 posté par Ambre le 16/12/2011 à 15h03
L'exigence ne peut être qu'intérieure - comme certaine cicatrice - quoi que l'on fasse.
Ensuite, le reste est sans doute superficiel, mais peut se voir :  comme une cicatrice aussi, plus apparente alors.
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 16/12/2011 à 16h03
Ce qui me pousse remonte de si loin que je ne vois plus d'où - et c'est sans doute aussi bien.
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 20h57
Il est amusant de voir comment aujourd'hui on se sert des mots mal à propos pour insulter. L'exigence nous est jetée à la figure telle une insulte, oui, alors que c'est une qualité. Il ne faut pas se défendre d'être exigent sinon c'est faire le lit de la paresse (employée dans le sens le plus populaire du terme, c'est-à-dire mal à propos et dans sa négativité), c'est baisser les bras, abandonner et perdre sa place - il serait dès lors trop tard pour se plaindre... car l'exigence s'adresse à une niche, dans tous les secteurs d'activité. Ne pas confondre exigence et élitisme.
Commentaire n°8 posté par Pascale le 16/12/2011 à 17h07
Une insulte, peut-être pas ; mais un doux reproche pour faire passer une pilule un peu amère.
Réponse de PhA le 16/12/2011 à 21h01
Tu es bien gentil avec ton "doux reproche"... moi je l'ai souvent vécu (en tentant de conseiller des livres) comme un méchant et violent reproche. Je ne le prends pas comme toi par contre, n'avalant pas une "pilule amère". Car je trouve logique et normal de ne pas attirer trop de monde sur les chemins de traverse où il faut être curieux et aventureux, ce n'est pas facile ni donné à tout le monde. On le sait, dès le départ que ça va être un pari, que l'on gagne de temps en temps, que l'on perd plus souvent. Mais le peu de monde qu'on a su parfois accrocher est une belle récompense en soi.
Commentaire n°9 posté par Pascale le 16/12/2011 à 22h22
C'est vrai, je l'avoue : je suis gentil.
Réponse de PhA le 17/12/2011 à 14h57
Aîe, attention, être gentil n'a pas bonne presse non plus. Dit sur un certain ton, ça peut signifier "être un peur attardé".
Ne pas confondre l'exigence faite à soi-même et ce qu'on exige, dans la violence, des autres
Commentaire n°10 posté par Zoë Lucider le 17/12/2011 à 20h08
Hé ! Je sais bien ! Le problème c'est que Philippe est gentil.
Réponse de PhA le 17/12/2011 à 20h47
Tout à fait Zoé, et même sans violence. Certains ne sont pas exigents, d'autres le sont, autrement que soi. Il ne faut donc pas être amer, ça ne change rien.
Commentaire n°11 posté par Pascale le 18/12/2011 à 09h49

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