lundi 3 janvier 2022

le samedi soir à la messe on bénissait les skis

La dernière neige est le dernier paru des livres d’Arno Camenisch chez Quidam, après Ustrinkata, Derrière la gare et Sez Ner ; il y a des liens sous les titres ; cliquez donc. C’est toujours Camille Luscher à la traduction (du suisse allemand, même si la langue natale d’Arno Camenisch est le romanche. Mais la langue d’Arno Camenisch n’est pas que le romanche ou le suisse allemand : c’est vraiment sa langue à lui, lui en tant que porte-parole d’un tout petit pays, mais lui vraiment, reconnaissable d’un livre à l’autre grâce au talent de Camille Luscher. Un petit pays menacé de disparaître. Dans Ustrinkata c’était le dernier bar, dans la dernière neige c’est le tire-fesse ou, tout simplement, la neige elle-même. Georg et Paul en ont la charge, depuis bien des années déjà, et le livre vit de leur dialogue, et le mieux c’est que je vous montre un peu comment ça fait :

« Bien dommache que la compétition annuelle de ski elle a plus lieu, dit Paul en exposant la coupe à la lumière. Tout le village était sur ses lattes, le samedi soir à la messe on bénissait les skis, devant l’autel le curé avait placé un chaudron avec de l’eau bénite et on pouvait y plonger les skis et dire quelques prières, ça fait une différence, c’est moi qui te le dis, c’est pas la même chose si aux pieds tu as des lattes bénies ou des païennes. J’ai pas le souvenir d’un seul gagnant qu’aurait eu des skis non bénits. »



Arno Camenisch, la dernière neige, Quidam éditeur, p. 41, traduction de Camille Luscher.



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