Dans ce centre, on ne vous a pas incités à faire de la propagande pour les Allemands. Au contraire, il y avait un jeune qui était arrivé en même temps que toi, dont le père était un collaborateur notoire. Ce garçon-là a essayé de faire de la propagande. Au départ, vous étiez plus ou moins proches, parce que vous étiez arrivés au centre tous les deux en même temps dans la même équipe ; mais évidemment tu étais à fond contre ses idées. Il est allé jusqu’à dire qu’il aurait préféré que ce soit le drapeau allemand qui flotte à la place du drapeau français ! Il a failli être lynché. Il a quitté le centre. Mais il habitait en banlieue, et tu as été obligé de l’accompagner jusqu’à son train parce que sinon les gars lui tapaient dessus.
Il y avait toujours le lever aux couleurs. Il y avait un gars, dans une équipe, qui s’appelait Crétin. A chaque fois, c’était l’équipier le plus méritant qui était chargé de lever les couleurs. Un beau jour, le chef de centre a appelé : « Crétin, aux couleurs ! » Ça a fait éclater de rire tout le centre. Le pauvre gars ne savait pas où se fourrer.
Finalement, tu as estimé que, même si c’était bien de faire beaucoup de sport, vous n’appreniez pas suffisamment. Et tu as trouvé dans le XXe, tout près de chez Madame Nicollet, un centre de jeunesse beaucoup plus petit, qui ressemblait davantage à une école : vous ne défiliez pas dans les rues. Le chef de centre était un noble, sympathique, Monsieur de Beaumont.
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