Il y a exactement trois ans jour pour jour, Emmanuel Macron gagnait les élections présidentielles et sur ce blog, je faisais la promotion d’Aorte adorée, de Christophe Esnault ; le rapport me paraissait évident. C’est dire si de l’eau a coulé sous les ponts, comme on aime à dire, depuis lors. Le temps qui passe est parfois comme un tamis qui laisse apparaître ce qu’on aurait pu croire oublié. L’impatience à être sauvage, récemment paru sous une belle couverture en relief aux éditions La nage de l’ourse et illustré par Aurélia Bécuwe, recueille (car après tout c’est un recueil) cette sorte de souvenirs, sous la forme de poèmes très directs, obéissant à une règle simple : le dernier vers forme un monostique centré et en italiques. Une sorte de poème à chute dans / la blague / la révélation / le manque / la douleur / le rêve :
Avec une corde à linge
& la science d’un plus grand
Pour choisir la branche à tailler
On tient dans sa main
Un arc authentique
Avec lequel on va sans attendre
Une heure plus favorable à cela
Aller chasser
De cette fille tu n’as qu’un seul souvenir marquant
Elle ne t’embrassait pas vraiment
Son baiser était une succession de morsures
Elle te mordait les dents
Elle te mordait la langue et la bouche
Comme si elle voulait te faire mal
Vous avez à peu près couché ensemble
C’était beaucoup moins bien que son baiser
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