jeudi 24 avril 2025

Christophe Esnault : L’impatience à être sauvage

Il y a exactement trois ans jour pour jour, Emmanuel Macron gagnait les élections présidentielles et sur ce blog, je faisais la promotion d’Aorte adorée, de Christophe Esnault ; le rapport me paraissait évident. C’est dire si de l’eau a coulé sous les ponts, comme on aime à dire, depuis lors. Le temps qui passe est parfois comme un tamis qui laisse apparaître ce qu’on aurait pu croire oublié. L’impatience à être sauvage, récemment paru sous une belle couverture en relief aux éditions La nage de l’ourse et illustré par Aurélia Bécuwe, recueille (car après tout c’est un recueil) cette sorte de souvenirs, sous la forme de poèmes très directs, obéissant à une règle simple : le dernier vers forme un monostique centré et en italiques. Une sorte de poème à chute dans / la blague / la révélation / le manque / la douleur / le rêve :


Avec une corde à linge

& la science d’un plus grand

Pour choisir la branche à tailler

On tient dans sa main

Un arc authentique

Avec lequel on va sans attendre

Une heure plus favorable à cela


Aller chasser



De cette fille tu n’as qu’un seul souvenir marquant

Elle ne t’embrassait pas vraiment

Son baiser était une succession de morsures

Elle te mordait les dents

Elle te mordait la langue et la bouche

Comme si elle voulait te faire mal

Vous avez à peu près couché ensemble


C’était beaucoup moins bien que son baiser



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