L'f est mère au matin d'une lettre morte le soir.
mercredi 30 novembre 2016
lundi 28 novembre 2016
une nouvelle couverture
Voici les premiers froids. C'est le moment de s'offrir une nouvelle couverture. (Mais il faudra attendre le 16 février.)
dimanche 27 novembre 2016
parfum des urnes
Est-ce parce que le i est
par sa forme la lettre la plus facile à glisser dans l’urne que
l’odeur est si nauséabonde ?
mercredi 23 novembre 2016
je les regardai partir...
Mon Dieu, quel cri !
comme elle sursauta ! comme elle s'arracha de mes bras, comme
elle vola à sa rencontre !... Je restai là, je les regardais,
plus mort que vif. Pourtant, à peine lui avait-elle donné la main,
à peine s'était-elle jetée dans son étreinte, que, brusquement,
une fois encore, elle se tournait vers moi, se retrouvait près de
moi, comme une bourrasque, comme un éclair, et, avant même que
j'eusse le temps de me remettre, elle s'accrochait à mon cou et me
donnait un baiser passionné. Puis, sans me dire un mot, elle courut
de nouveau vers lui, le prit par les mains, et l'entraîna avec elle.
Je restai longuement
figé, je les regardai partir... Enfin, ils disparurent de ma vue.
Fédor Dostoïevski, Les
Nuits blanches, traduction par André Markowicz.
lundi 21 novembre 2016
pour un vote contre ?
Bon,
plus sérieusement, que nous apprennent-ils, les résultats de ces
primaires ? Que les gens se déplacent pour voter contre. Le
vote contre, ça motive. Et pourquoi pas ? Pourquoi n'aurait-on
pas la possibilité d'éliminer les candidats dont on ne veut surtout
pas ? Sarkozy en a fait les frais, comme bientôt Hollande s'il
se présente. C'est pour ça qu'on va se retrouver avec Le Pen au
second tour. Le Pen, la candidate qui ferait se déplacer le plus
grand nombre d'électeurs Français pour voter contre elle. Mais là,
ce ne sera pas possible, pas avant le premier tour, il faudra même
attendre le second. Ce système vous paraît-il vraiment
démocratique ? Hein ? Vous en dites quoi ?
dimanche 20 novembre 2016
samedi 19 novembre 2016
Coup de théâtre au Parti Socialiste
Coup
de théâtre au Parti Socialiste : soucieux de se démarquer des
Républicains et dans l'idée de donner à la gauche une chance de
remporter les prochaines élections, les membres du PS décident d'un
commun accord de ne présenter aucun candidat. A droite, on tremble.
jeudi 17 novembre 2016
mercredi 16 novembre 2016
Je vous aurais bien recopié un petit passage de Récit d'un avocat
Je
vous aurais bien recopié un petit passage de Récit d'un avocat
d'Antoine Brea parce que j'ai la flemme d'écrire moi-même quelque
chose. En plus c'est composé de petits chapitres très courts, ça
devrait être facile d'en extraire un. Mais en fait non, ça ne va
pas trop, ils ne se laissent pas bien extraire, ces petits
chapitres ; ce n'est pas comme ça que je vous donnerai envie –
puisque tel est le but. L'écriture d'ailleurs n'est pas celle de
Brea tel que je l'ai lu ailleurs, par exemple dans Roman dormant,
dans Petites vies d'écrivains du XXe siècle ou dans Simon le Mage. Quoique tiens, paradoxalement, c'est peut-être les vers
de Simon le Mage qui fassent le plus écho, du moins dans mon
oreille, à ce Récit d'un avocat. Je dis « paradoxalement »,
parce que Brea, dans l'idée très vague que je me fais de la poésie,
c'est plutôt un poète ; alors que dans Récit d'un avocat,
dans l'idée très vague que je me fais de la littérature, on est
clairement dans la prose, ou dans le roman, voire dans le thriller,
judiciaire, et même politique ; sauf que tiens, il paraît
qu'il est avocat Brea, dans la vraie vie, c'est écrit en quatrième
de couverture, et que « peu de choses » (ça y est, là,
je recopie) « sont entièrement imaginaires ». Du coup ça
fait un peur, finalement. En tout cas ça mériterait bien que
j'écrive un petit billet dessus, si j'avais le courage.
Et au
fait quand même c'est paru tout récemment aux éditions Le
Quartanier.
mardi 15 novembre 2016
lundi 14 novembre 2016
dans la corbeille (12)
Allons donc encore une fois fouiller un peu la corbeille pour voir ce qu'elle nous dit de la mort.
Les gestionnaires de ce monde ont annoncé à mon fils Orlando la
mort d’Angus Vadelle.
Mais ce n’était pas moi. Enfin, c’était moi, bien sûr, mais ce
n’était pas moi premier du nom. Impossible de savoir de quel
moi-même il s’agissait, l’enquête serait longue et fastidieuse
et risquait fort de ne pas aboutir.
Ce qui était quand même très étrange, c’est que je sois mort
avant moi. Il me semblait, en toute logique, que je serais le premier
de moi-même à mourir. C’est ce que j’avais prévu. Mais il
semblerait bien que l’éloignement favorise la mort précoce – à
quelques heures près, entendons-nous bien. Or personne n’est plus
proche de moi-même que le moi-même que je suis au moment où je
parle. C’est sans doute à cela, être moi-même sans être un
autre, que je devais d’être encore en vie.
Les gestionnaires de ce monde ont annoncé à mon fils Orlando la
mort d’Angus Vadelle.
Une nouvelle fois, plus vite que le temps pour le dire. C’était un
autre moi-même encore, bien sûr. Nous allions tous mourir peu ou
prou en même temps, tous mes moi-même et moi ; c’était
couru d’avance.
jeudi 10 novembre 2016
Dimanche nous serons le 13 novembre.
Dimanche
nous serons le 13 novembre et je serai rue du 11 novembre au Salon
des Essarts-le-Roi, c'est facile à trouver vous ne pourrez pas vous
tromper.
Dimanche
nous serons le 13 novembre et je serai au Salon des Essarts-le-Roi
qui a été annulé l'année dernière.
Dimanche
nous serons le 13 novembre.
Dimanche
nous serons le 13 novembre et égoïstement une partie de moi-même
sera heureuse. Une partie de moi-même sera heureuse comme l'année
dernière à la même date égoïstement une partie de moi-même ne
l'était pas. « Egoïstement » parce que quand il y a des
morts à votre porte c'est con mais ça touche plus que quand ils
sont loin. « Egoïstement » parce que quand il y a une
personne qui vous touche de près parmi les victimes c'est con mais
vous vous sentez comme si tout était dévasté.
Mais
« égoïstement » dimanche une partie de moi-même sera
heureuse parce que le jeune homme cher à mon cœur qui était étendu
là s'est relevé on se demande bien comment et dans quel état je
vous passe les détails, et on se demande bien comment a sauvé sa
vie et sans le savoir celle de toutes les personnes qui l'aiment. Et
donc grâce à lui et « égoïstement » dimanche 13
novembre une partie de moi-même pourra se réjouir en se rappelant
qu'il y a juste un an, le 13 novembre 2015, paraissait dans le
journal le Monde un très bel article à propos de Pas Liev,
qui plus est signé par l'un des écrivains contemporains que je
tiens en plus haute estime ; et de pouvoir partager ce plaisir
je remercie encore tous les vivants.
mercredi 9 novembre 2016
suggérer une modification
J'étais prêt à faire un procès à Google avant de me rendre compte qu'ils avaient pris la précaution de suggérer une modification.
mardi 8 novembre 2016
comment dire
D'une
manière générale, quand j'exprime une idée devant mes proches,
ils ne la comprennent pas et me répondent à côté, ce qui donne
lieu à des quiproquos douloureux dont je n'arrive pas à me dégager.
Le modèle de mes interactions sociales pourrait être fourni par
l'une de mes catastrophes aériennes préférées, celle qui est
survenue aux Canaries le vingt-sept mars mille neuf cent
soixante-dix-sept. Ce jour-là, en raison d'une menace d'attentat
indépendantiste à l'aérogare de Las Palmas, plusieurs avions ont
été déroutés vers l'aéroport de Los Rodeos à Tenerife. Il
s'agit d'un petit aéroport disposant uniquement d'une piste doublée
d'un taxiway, entre parenthèses un mot que j'aimerais pouvoir poser
un jour au scrabble. Il a donc fallu garer sur la partie proximale du
taxiway plusieurs camions-citernes, ainsi que cinq appareils. Ce
jour-là, deux Boeing 747 devaient décoller rapidement : l'un
de la KLM en provenance d'Amsterdam, l'autre de la Pan Am arrivé de
Los Angeles. Contrairement à tous les usages, mais faute
d'alternative, les deux avions sont donc partis vers le point de
décollage en empruntant la piste, le KLM devant, le Pan Am derrière.
Afin de laisser le champ libre à son prédécesseur, le suiveur
devait rejoindre le taxiway dès qu'il aurait dépassé la zone
encombrée par les autres avions, en empruntant la bretelle numéro
trois. Mais un épais brouillard stagnait sur l'île, et le pilote de
la Pan Am, n'ayant sans doute pas vu l'embranchement indiqué par la
tour de contrôle, a continué à rouler sur la piste jusqu'à la
bretelle suivante. Pendant ce temps-là, après avoir accompli son
virage à cent quatre-vingts degrés en bout de piste, le pilote de
la KLM a dit « We are now at take-off » pour dire qu'il
était prêt à décoller. L'aiguilleur a logiquement et
littéralement compris « Nous sommes maintenant au point de
décollage », et a répondu « Yes » pour signifier
qu'il avait enregistré l'information. Mais, interprétant cette
réponse comme un feu vert, le commandant de la KLM a mis les gaz. En
raison du brouillard, il n'a vu qu'au dernier moment l'avion de la
Pan Am qui s'engageait dans la bretelle numéro quatre et lui barrait
le passage. Il a essayé de précipiter son envol pour passer
au-dessus, mais n'a pu éviter l'empennage de l'autre. Le bilan
définitif compte cinq cent quatre-vingt-trois morts, ce qui donne à
cette catastrophe le record de létalité de l'aviation civile. Pour
arriver à ce résultat exceptionnel, il aura suffi de six mots du
vocabulaire de base de l'anglais aéronautique, échangés entre deux
personnes rompues à ce langage. Et même de trois mots, puisque « we
are now », nous sommes maintenant, a été en l'occurrence
parfaitement compris. Restent « at take-off » et « yes »,
qui font partie des mots les plus simples du lexique de ces
professionnels. Preuve que même dans les dialogues les plus
ordinaires, chacun n'entend que ce qu'il veut entendre et entretient
ainsi l'illusion d'une convergence de vues ou d'un désaccord avec un
interlocuteur qui, dans la plupart des cas, ne parle pas de la même
chose.
Emmanuel
Venet, Marcher droit, tourner en rond, éditions Verdier, 2016, p. 33 à 35
lundi 7 novembre 2016
Lire la nuit remue.
Le 18 juin dernier, c'était La Nuit remue 10, et pour ma part je lisais des extraits de Vie des hauts plateaux, Mémoires des failles et Pas Liev. Merci à toute l'équipe de Remue.net. (Cliquez pour accéder à la vidéo)
samedi 5 novembre 2016
se reserver a l’advenir a meilleure fortune
Pour
ce coup je ne voudrois sinon entendre comm’il se peut faire que
tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations
endurent quelque fois un tyran seul, qui n’a puissance que celle
qu’ils luy donnent ; qui n’a pouvoir de leur nuire, sinon tant
qu’ils ont vouloir de l'endurer ; qui ne scauroit leur faire mal
aucun, sinon lors qu’ils aiment mieulx le souffrir que lui
contredire. Grand chose certes et toutesfois si commune qu’il s'en
faut de tant plus douloir et moins s'esbahir, voir un milion d’hommes
servir miserablement aiant le col sous le joug non pas contrains par
une plus grande force, mais aucunement (ce semble) enchantés et
charmes par le nom seul d’un, duquel ils ne doivent ni craindre la
puissance puis qu’il est seul, ny aimer les qualités, puis qu’il
est en leur endroit inhumain et sauvage. La foiblesse d’entre nous
hommes est telle, qu’il faut souvent que nous obeissions a la force ;
il est besoin de temporiser, nous ne pouvons pas tousjours estre les
plus forts. Doncques si une nation est contrainte par la force de la
guerre de servir a un, comme la cité d’Athenes aus trente tirans,
il ne se faut pas esbahir qu’elle serve, mais se plaindre de
l’accident ; ou bien plustost ne s'esbair ni ne s'en plaindre mais
porter le mal patiemment, et se reserver a l’advenir a meilleure
fortune.
Etienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire
vendredi 4 novembre 2016
jeudi 3 novembre 2016
Prix
Prix du livre :
S’étonner qu’il y
ait une loi dessus, quelle drôle d’idée.
Ne pas confondre avec
prix littéraire ; en effet si l’on y réfléchit bien
tout livre n’est pas nécessairement littéraire. (Voir Prix
littéraires)
Prix littéraires :
Ont lieu en automne pour
récompenser les livres parus en automne parce que c’est la saison
où les livres sont bons parce que ce sont des romans. Ne pas se
demander pourquoi la poésie n’est pas concernée, ça donne l’air
idiot. Il y a quatre prix littéraires. Ou peut-être cinq. « Les
prix littéraires font vendre. » (Pierre Assouline)
(Définitions extraites du Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine)
mercredi 2 novembre 2016
Mort
Mort :
Autre sorte d’argument
de vente. Plus efficace quand elle est violente. Passage nécessaire
vers la postérité (voir Postérité). Attention : ne
pas accéder à la postérité ne garantit pas pour autant
l’immortalité.
(Définition extraite du Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine)
Inscription à :
Articles (Atom)