Je cherchais depuis des années une porte au milieu de ce mur. C’était un mur de pierre démesuré. Le mur était la cause, à la fois nécessaire et suffisante, pour que j’y cherche une porte. N’était-il pas insensé qu’un mur si grand n’en comporte aucune ? Plus je m’entêtais, plus l’infinie recherche dichotomique me faisait buter sur le mur. Tant ses failles que ses aspérités décuplaient mon amertume de ne rien trouver. Ses zones convexes, ses zones concaves, toutes aussi pétries d’indécision patente narguaient mes espoirs de déloger la porte nécessairement dissimulée quelque part… Au point d’une irritation constamment croissante. Autant dire que la hauteur du mur finissait d’attiser mon dépit en poussée tectonique. Nulle nuance de répit ne venait altérer le vertige et l’obstination que j’éprouvais face à lui. Même quand je prenais le parti de m’éloigner temporairement de sa paroi, de quelques pas ou d’un peu plus… car j’avais ces feintes, ces jeux, parfois : l’obsession de trouver la porte ne me quittait pas.
Les feintes furent parfois plus amples. Mes pas plus éloignés. Mon indifférence affectée envers le mur que je laissais derrière moi plus convaincante. C’est lors d’un de ces moments de distance et de distraction simulée que j’ai découvert une porte étrangement esseulée, debout au milieu d’une prairie. Je garderai à jamais son image première dans les yeux. L’absence jouissive de mur autour. Sans y réfléchir je m’offris à elle et m’évadai pour toujours. À vrai dire, « pour toujours » est une façon de parler. On l’emploie bien trop souvent. Nous verrons ce qu’il advient, car c’était, à bien y réfléchir, mercredi dernier. Et cette absence de mur autour de la porte m’empêche depuis, avec entêtement, de m’éloigner.
Mais voici que Thomas Pourchayre, dans sa tentative de lutte contre l’infini quadrillage du monde, se trouve déjà devant une dix-septième porte – celle recopiée ci-dessus étant la seizième. Il n’est pas au bout de ses peines, il n’est pas au bout de ses portes : il y en a tant encore.
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