samedi 15 mars 2025

Souvenirs de mon père, 31 (réfugiés)

Vous aviez fui les Allemands d’Amiens jusqu’à Orthez, mais les Allemands vous y ont retrouvés. Mais à Orthez, c’était différent. Les Allemands que vous avez vus ont toujours été très convenables. Ils se sont installés dans l’École Supérieure. Comme il leur manquait des lits, ils ont demandé à réquisitionner quelques châlits et autres accessoires. Ils sont venus les chercher aux Galeries, et bien sûr c’est toi qui as dû les recevoir. C’était un jeune sergent qui était responsable. Il notait soigneusement tout ce qu’il réquisitionnait. Il parlait français couramment. Par la suite, quand tu le croisais dans les rues d’Orthez, il te saluait très aimablement, avec insistance. Tu étais bien obligé de lui répondre aimablement, tu n’avais aucune raison de manifester de l’hostilité à son égard. Mais certains réfugiés – qui d’ailleurs ne savaient pas que tu étais un réfugié parce que tu avais pris l’accent du pays – te traitaient de germanophile.

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