De
nouveau, le passage qui suit est de sa seule main.
Durant mes dernières
vacances à Gretz, en 1938, ma spécialité, c’était déjà le
saut. Je sautais souvent par-dessus un grand massif de fleurs
diverses qui existait à cette époque au milieu du jardin, à la
grande frayeur de ma tante et de ma grand-mère, qui craignaient
davantage pour leurs fleurs que pour moi. C’est depuis cette
époque-là que les sauts d’obstacle spectaculaires sont devenus ma
passion.
Quand nous étions à
Amiens, en vacances d’abord, puis quand nous y sommes restés
définitivement, avant la guerre, Tonton Léon nous emmenait promener
en voiture dans toute la région ; c’est pour cela que je
connais bien la Picardie. Il nous emmenait aussi au bord de la mer, à
Cayeux ou au Crotois, ou à Saint-Valéry-sur-Somme. Nous nous
promenions seulement ou nous trempions nos pieds dans l’eau, car
nous n’avions pas de maillot. Peu de gens se baignaient,
d’ailleurs. C’est pour cela que je n’ai appris à nager que
beaucoup plus tard, au centre de jeunesse.
En 1937, à Paris, à
la Villa Robert Lindet, à l’époque où je flirtais avec
Jacqueline Dubernais, un jour que je la croisais dans l’escalier,
Pauline, la sœur aînée de Guy Bourk et d’Olga, m’a pris dans
ses bras ; elle m’a appelé « son petit fiancé »
et m’a embrassé sur la bouche. J’en ai été plus inquiété que
satisfait et ma mine effarée l’a fait fuir. Elle n’a pas
recommencé. Ce fut mon premier baiser sur la bouche. Je devais
attendre pas mal d’années avant d’en avoir d’autres. Elle
avait quinze ans et j’en avais douze. Quand je l’ai revue, peu
après, elle a fait comme si rien ne s’était passé. Plus tard,
quand je l’ai revue à mon retour d’Orthez, ni elle ni son frère
aîné James ne se sont intéressés à moi.