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mardi 8 octobre 2024

Disparaître en Amérique

« Ce qui se passait dans le petit compartiment, rempli de fumée même quand la fenêtre était ouverte, ne présentait aucun intérêt auprès de ce qu’on voyait dehors.

Le premier jour ils traversèrent de hautes montagnes. De gigantesques masses de pierre d’un noir bleuâtre avançaient jusqu’au train ; on se penchait vainement par la portière pour essayer de voir leur sommet ; d’étroites vallées s’ouvraient, déchiquetées, ténébreuses ; on tendait le doigt dans la direction où elles se perdaient ; de larges torrents arrivaient, pareils à de hautes lames sur le fond montueux, rapides et marbrés de mille petites vagues d’écume, pour s’abîmer sous les arches des ponts sur lesquels passait le chemin de fer, et leur haleine glacée faisait frissonner la peau. »


Voilà, ce sont les dernières lignes que nous ayons du chapitre « Le théâtre de la nature d’Oklahoma ». Il y a bien d’autres fragments mais ils évoquent des aventures de Karl Rossmann antérieures à ce départ. Au-delà de cette description d’une Amérique mystérieuse et méconnaissable, on perd la trace de Karl. Comprends-tu, Franz, pourquoi ce roman, dont je viens de recopier ces quelques lignes, traduites par Alexandre Vialatte, dans mon vieil exemplaire qui, sur sa couverture, porte le titre l’Amérique ; comprends-tu pourquoi toi, en l’évoquant dans ton Journal, tu l’appelais le Disparu ?



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