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mercredi 24 avril 2024

croisements de vies

Au début des années 80, sur le conseil de Danielle Auby, mon professeur de français, je découvre Kafka. Je lis à peu près tout. Je commence par le recueil disponible en Folio rassemblé autour de La Muraille de Chine. Le texte qui me marque le plus, au point qu’aujourd’hui, alors que je ne l’ai pas encore relu (c’est pour demain ou après-demain), je m’en souviens encore bien, c’est Recherches d’un chien.

Une dizaine d’années plus tard, je reprends le théâtre en amateur, au théâtre-école de Pantin, sous la direction d’Agnès Delume. L’art de la mise en scène avec presque rien. J’ai la chance de jouer des textes extraordinaires : Scènes de la vie conjugale, la Mouette, le Tartuffe, Peer Gynt, l’Opéra de quat’sous. Souvent, la musique est composée par Vojtech Saudek, le compagnon d’Agnès. C’est un vrai musicien. Je me rappelle son piano, qui prend toute la place dans leur séjour. C’est fou comme la pratique d’un art peut prendre de la place dans une vie. Celle de Vojtech, hélas, s’arrête trop tôt, en 2003 ; il a cinquante-deux ans.

Entre temps, en 1993, je découvre Prague. En écrivant cette phrase, je revois la ruelle d’Or, où Kafka écrivit, notamment, la Muraille de Chine.

Plus récemment, je reviens progressivement à Kafka, d’abord pour relire le Château, et vérifier que Pas Liev n’en est pas qu’une pâle copie. Puis le Terrier, juste pour le plaisir. L’an dernier paraît en France le premier tome de la biographie de Kafka par Reiner Stach. Je m’y plonge, et l’interromps souvent – notamment pour relire le Verdict, la Métamorphose, la Colonie pénitentiaire, Chacals et Arabes, Un croisement, Rapport pour une académie, Le Coup à la porte du domaine, la Muraille de Chine… Entre temps je suis passé au second tome de la biographie de Stach : Kafka, le Temps de la connaissance. Je compte relire Recherches d’un chien, mais j’attends que la vie de Kafka m’y mène – c’est l’un de ses derniers textes. Pour le moment, il est à la ruelle d’Or ; c’est Ottla, sa petite sœur, qui lui offre ce havre. Ottla qui, des années plus tard, fera partie de toutes ces personnes qu’on a assassinées à Auschwitz.

Il y a une dizaine de jours, je reçois un message d’Agnès, qui me parle de mon Stylo – j’aime qu’elle ait aimé – et m’annonce que le centre tchèque organise un concert-hommage à Vojtech. C’était dimanche dernier. Au programme, des pièces et variations pour piano, son Quatuor n°2, une Elégie, et enfin une réalisation pour violon et dispositif électronique : Recherches d’un chien, d’après un conte de Kafka.

J’apprends que Vojtech est le petit-fils d’Ottla.






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