La
 personne de l’auteur est une verrue pour son œuvre, laquelle 
probablement ne souhaite que sa mort. En attendant celle-ci
    celui-là se fait doux et poli ou au contraire rue dans les 
brancards, la vie de parasite n’est pas si facile. C’est sûrement ce qui
 intéresse le lecteur, lequel aime à se repaître de ce roman
    surnuméraire écrit par l’auteur malgré lui. Il y a là matière à 
poésie, se dit carrément Antoine Brea qui en choisit dix parmi les plus 
gratinés et n’y va pas non plus avec le dos de la cuiller,
    voyez un peu ce que ça donne. Par exemple :
  
 
  
    Louis Ferdinand, Auguste Destouches né le  27 mai 1894 à Courbevoie, fut un maître en syntaxe
  
    Il a été aussi médecin-policier d’entreprise
  
    Dès petit, sa mère remarque qu’il parle en imparfait du subjonctif
  
    Ce défaut d’élocution ne le quittera plus jusqu’à imprégner ses merveilleux livres
  
    Cela en fait l’un des plus grands écrivains absurdes du XXe siècle, aux côtés de Marcel Proust
  
    Grâce aux efforts, il apprend toutefois à parler en argot normal, ce qui permet qu’on le comprenne
  
    Sa pensée déprimé, cafardeuse, se teinte d’accents héroï-comiques dont le trait le plus signalé est l’engagement
    collaborationniste
  
    Après une jeunesse de cuirassier à Meudon, il arrive en Afrique où la vie est si dure, mais Destouches se résigne mieux qu’un
    autre
  
    De retour, on ne sait plus bien ce qu’il fait, il est malade, il attrape l’antisémitisme
  
    Il se choisit un nom – Céline – qui est un nom de bonne femme
  
    Bien vite, il est inquiété par les autorités pour ses écrits qui entament la santé du public, et c’est pour trouver l’antidote
    qu’il se fait médecin
  
    A la suite du Voyage, ses parents déménagent en raison des plaintes de lecteurs qui défuntent – Céline y fait allusion dans
    Mort à Meudon et D’une maison l’autre
  
    Antoine Brea, Petites vies
    d’écrivains du XXe siècle, éditions Louise Bottu, 2013, p. 41 à 43.
  
    Ce n’est pas fini, hein. Et puis vous pouvez lire de vraies critiques chez Romain Verger et Pierre Vinclair, tandis que le texte inspire aussi joliment Noémie Lefebvre.
  
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