Antoine Compagnon a des idées pour l’école. Accessoirement, il en a aussi sur les
    femmes : par exemple, concernant le métier d’enseignant,
  
    « la
 féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est 
d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la
    magistrature. C’est inéluctable. Un métier féminin reste encore 
souvent un emploi d’appoint dans un couple. L’enseignement est choisi 
par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du
    temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien 
s’occuper de leurs enfants. »
  
    Mes collègues, très majoritairement des femmes en effet, apprécieront. L’une d’elles a d’ailleurs déjà répondu,
 inutile que j’en rajoute. Ou alors juste un peu, pour le plaisir. Parce
 que, à la décharge de
    notre bon Compagnon, il y a quand même bien une relation entre la 
féminisation de ce métier et son déclassement, qui personnellement m’a 
toujours paru évidente : le déclassement du travail
    féminin dans une société encore sexuellement inégalitaire se traduit
 très logiquement par le déclassement d’un métier quand celui-ci se 
féminise.
  
    Mais hop, on n’est plus à un petit hysteron-proteron près quand on enseigne au Collège de France.
  
    Allons,
 ne soyons pas injustes et ne nous focalisons pas sur ce détail somme 
toute anecdotique : ce n’était pas le sujet de
    l’interview. Voici que l’on demande à notre professeur de Collège 
(de France, hein) « Quelles réformes proposez-vous concernant le statut 
des enseignants, en pleine discussion au
    ministère ? » C’est qu’il en a, des idées :
  
    « Mais,
 concernant le collège, qu’y a-t-il de dégradant pour un professeur de 
français d’enseigner aussi
    l’histoire ? » Certes, personnellement, le professeur de français de
 collège que je suis ne verrait rien de dégradant à enseigner 
l’Histoire. L’Histoire, en revanche, pourrait sans
    doute trouver à y redire. Un cours sur les champignons, pourquoi 
pas. Sans blague, je m’y connais mieux que mon pharmacien. Je pourrais 
aussi, pourquoi pas, donner quelques conseils de natation
    aux grands débutants. Mais l’Histoire, ma foi, j’ai trop d’estime 
pour mes collègues d’Histoire pour au pied levé prétendre les remplacer.
  
    Bien sûr, je fais l’imbécile. Il suffirait de former les enseignants pour ça. Ça se fait d’ailleurs dans d’autres pays. Ça se
    faisait aussi en France, d’ailleurs. On appelait ça les PEGC : professeurs d’enseignement général de collège. En 1969.
  
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