mercredi 27 février 2013

Contact, de Cécile Portier


Assis invisible à la place du mort
 
« Contact », c’est la clé qui tourne, le moteur qui démarre, la voiture qui se met en mouvement. Qu’on coupe à la fin, à l’autre bout du voyage, à l’autre bout du livre, à la dernière page. Entre les deux, 669 kilomètres de conscience. Va-et-vient de la conscience. De la route, de la conduite, du paysage ; à la vie, aux derniers événements qui ont précédé le voyage – une dispute, pire, une absence de dispute – et à l’avenir, les choix qu’elle (la vie, la route) prétend imposer ; entre un homme, le mari, et un homme, l’amant, au bout du voyage, à quelques dizaines de kilomètres seulement l’un de l’autre. Entre les deux, juste avant d’arriver, il faudra choisir, dit la route, choisir où arriver. Retrouver le mari, les enfants, partis en vacances à l’avance ; ou l’amant, dans la chambre 505. Une destination, ou l’autre. Il y aura un carrefour, comme un dièse, petit signe qui dans ce livre-route signale la pensée d’une possibilité, puis de l’autre. Dièse-alternative : le mari, l’amant. Si indistincts que dans ce roman ou rien n’est nommé, les deux sont appelés « l’autre ». Que vaudra le choix imposé par la route, au bout du voyage ? Au lecteur, assis invisible à la place du mort, sinon un beau voyage, du moins une belle lecture.
 
Avril 2008.
 
Initialement paru dans la collection Déplacements des éditions du Seuil, Contact est disponible chez Publie.net.
 

 

 

Commentaires

Je crois avoir compris pourquoi on peut désirer (vous savez le mot). C’est peut-être pour donner corps à sa vie, ou vie à son corps, pour réunir tous les mouvements, les contraires, les forces, ce serait comme être capable d’embrancher la ligne, de faire quelque chose d’autre qu’une seule possibilité inaccomplie, même une toute petite chose, mais le faire, c’est toute la vie. A un de ces jours.
Commentaire n°1 posté par Anastasia le 27/02/2013 à 19h25
Le faire.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 14h55
Le scénario du film " Sur la route de Madison" ? 
Commentaire n°2 posté par Thyone le 27/02/2013 à 22h17
C'est vrai que ma route est américaine - mais pas celle(s) du roman.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 14h56
Merci... Très touchée par ce texte, et le commentaire sur le désir
Commentaire n°3 posté par Cécile Portier le 27/02/2013 à 23h53
Beau souvenir, ce Contact.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 14h57
La route impose des pointillés et l'inconnu au-delà du virage ou de la montée.... Le livre attire en tout cas.
Commentaire n°4 posté par Michèle le 28/02/2013 à 09h24
A suivre.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 15h00
Sur la route aussi, il arrive que "la visibilité soit mauvaise". Les kilomètres, l'enfermement dans l'automobile, rien de mieux (ou parfois de pire) pour l'introspection,  les "va et vient de la conscience".
Ce que vous en dites et les extraits donnent envie d'aller jusqu'au bout du voyage avec l'auteur.
Commentaire n°5 posté par Ambre le 28/02/2013 à 18h07
Oui, c'est un mouvement intérieur.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 15h02
Oui, l’intérieur tourne à vide, à blanc, et à mortier.
La ligne est ailleurs, la trouver, ou la créer.
 
Commentaire n°6 posté par Anastasia le 28/02/2013 à 20h06
Bonsoir Philippe Annocque,
C'est une bonne chose que de poursuivre l'existence de contact de Cécile Portier sur publie.net et c'est même naturel puisque c'est François Bon qui dirigeait la collection Déplacements. J'avais à l'époque (2007-2008) acheté et lu presque tous les titres de cette collection (abadon de michèle dujardin, manière d'entrer dans un cercle & d'en sortir de pascale petit -votre amie et celle de Dominique-, la loi des rendements décroissants de jérôme mauche, "où que je sois encore... d'arnaud maïsetti, balayer, fermer, partir de lise beninca, enfin on fera silence de béatrice rilos et cambouis d'antoine emaz -me manquent 3 ou 4 titres que j'achèterai sur publie.net s'ils sont réédités là).
J'avais eu un échange avec Cécile à l'époque. Et j'aime bien quand dans la postface que leur demandait François Bon, Cécile écrit, p. 150  (Les rencontres - ces affrontements - peuvent se rompre une fois les monnaies échangées, pour permettre à chacun de reprendre sa route sans dommage, sa destination. A cet instant : savoir s'effacer un peu devant le passage de l'autre, ou bien c'est le meurtre.)
Me reste à acheter et lire vos livres Philippe. Je lirai Monsieur le Comte au pied de la lettre et Liquide ensemble ; Monsieur le Comte le matin et Liquide le soir. Puis je remonterai la source. Me plaît beaucoup cette idée de personnage zéro, le je occulté, la personne d'avant la première personne. Je sais que lorsque j'aurai vos livres, j'oublierai ces théories, y reviendrai par contre dans une deuxième lecture. J'avais parlé de tout cela avec Dominique Chaussois.
J'ai un livre d'Olivier Roller, FACE[S], publié chez Argol en 2007. J'étais persuadée que vous étiez dans ce livre -dans lequel les écrivains photographiés réagissent à leur portrait -. Eh non !
Commentaire n°7 posté par Michèle P le 28/02/2013 à 20h24
Merci Michèle.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 15h06
Alors, il y aura un chemin et l’autre du voyage, la vie, elle, juste avant et encore, dit la route, du souffle de créer. 
Commentaire n°8 posté par Anastasia le 28/02/2013 à 20h45
Voilà.
Réponse de PhA le 01/03/2013 à 15h07

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